dimanche 12 novembre 2017

PETITES PENSÉES EN VOYAGE



Voyage au bout de la nuit… en bus

Nous avons fait le choix de faire une petite boucle en dehors de l’itinéraire principal en bus plutôt qu’à vélo. En effet, un petit crochet sur la carte peut facilement représenter plusieurs jours, voir plusieurs semaines, d’efforts. Il faut donc soit se priver de certaines visites, soit s’accorder une petite tricherie. Le deuxième choix est facilité lorsque nous pouvons laisser les vélos en lieu sûr pour quelques jours.

Une journée passée dans un bus peut paraître être une journée gâchée, de plus il faut pouvoir occuper les enfants. Enfin, nous cherchons à réduire le coût de l’hébergement. Pour remédier à tout cela, un trajet de nuit nous semblait donc être un choix judicieux.

Plusieurs compagnies peuvent proposer la même destination mais avec une qualité de service variable. Nous avons peu d’éléments sur ce point même à travers notre guide ou internet. Nous nous basons donc sur les horaires, l’itinéraire emprunté et les éventuelles correspondances.
Pour ce qui est des horaires, il est évident qu’un bus de nuit qui part à trois heures de l’après-midi et arrive à trois heures du matin depuis et vers des terminaux excentrés offre peu d’avantages.
L’itinéraire le plus long en distance n’est pas forcément le plus long en temps. Couper les Andes directement impose des routes de montagne lentes, inconfortables et potentiellement dangereuses.
Les correspondances peuvent n’être qu’un simple nom sur le billet. Mais lorsqu’on vous annonce que tel terminal est dans un quartier dangereux, surtout à cette heure là, surtout avec des enfants,… cela fait un peu hésiter.
Les prix sont très abordables, par exemple dix à quatorze dollars par personne pour quatre cents kilomètres. Ayant choisi la tricherie, nous persévérons dans la logique et nous nous offrons les billets qui paraissent les meilleurs. Il faut relativiser. Comme nous allons le voir, il ne s’agit pas d’une « classe affaire ».

Nous partons donc en bus de Latacunga pour passer quelques jours à Puerto Lopez sur la côte Pacifique !


Pour dormir, les sièges sont inclinables. Assez pour écrabouiller son voisin de derrière mais pas assez pour s’allonger. Il y a des accoudoirs bien fermes qui calent très inconfortablement dans les virages la partie du corps qui s’appuie dessus selon la position prise.
Si il y a de la place, des gens s’allongent sur deux sièges avec les jambes en travers du couloir. Ou alors tout simplement par terre.



Il y a un écran vidéo presque comme dans les avions. Presque. Ici tout le monde a le même, un grand à l’avant du bus. On ne choisit pas son film. On ne choisit pas non plus si on veut voir un film tout simplement. Ceux qui veulent dormir ont donc également la luminosité. Il n’y a pas de distribution de casque, on entend le son par les enceintes. Ceux qui veulent dormir aussi. Etant en Equateur, c’est en espagnol non sous-titré. Normal. Pour nous, c’est un bon moyen pour apprendre la langue. D’autant que, vu les films diffusés, les textes ne sont pas très élaborés.
Les films, nous y venons. Pour le moment nous avons vu trois films dans les bus, c’est un peu maigre pour une bonne statistique. Cependant, on ne peut pas dire que c’était des films pour les tout petits mais plutôt des films d’action. Donc, il y a des films et il fait dire aux enfants de ne pas regarder le grand écran qui est juste en face d’eux. Facile.


N’ayant pas la télévision à la maison et n’allant pas voir ce type de films au cinéma, je me dis que c’est plutôt bien même si évidement je ne veut pas l’avouer. Ils doivent bien s’amuser ceux qui font ce type de films quand même. Ils doivent faire des concours du scénario le plus consternant. Et les personnages ce sont des gens qui n’existent pas dans la vraie vie. Les hommes sont super musclés, malins, marrants,… Ils font preuve d’une résilience à toute épreuve : bagarres, coups de feux, explosions, chutes,… Et les femmes sont extrêmement belles, hyper sexy, intelligentes et également très fortes. Et entre eux ils ont des techniques de séduction extrêmement efficaces. Je pense qu’il s’agit de bons modèles pour nos enfants et on devrait leur diffuser ce type de films plus souvent.
Il y a aussi des trajets ou le film ne marche pas. On est un peu frustré, sans l’avouer non plus.

Contrairement aux autres bus, il est interdit d’y manger et il n’y a pas de vendeurs ambulants. Il faut donc braver les interdits et manger en cachette. Avec les enfants, c’est amusant.

Il y a des toilettes dans le bus. Sur un des trajets, seules les femmes pouvaient y aller. Sur un autre les toilettes étaient fermées. Il fallait en fait demander la clé à l’assistant du chauffeur. Cela personne ne le dit aux touristes et on le découvre lorsque quelqu’un demande à ce qu’on lui ouvre la porte. On emboîte le pas et à ce moment l’envie est forcément pressante. Il faut enjamber les gens qui dorment par terre et ceux qui dorment de travers comme nous l’avons vu. Les toilettes sont à l’arrière du bus, là où cela bouge le plus. Dans les routes andines, ce n’est pas facile. L’avion ou le TGV c’est de la rigolade à côté.
Au cours d’un voyage au Mexique en 1991, ayant la tourista, nous avions expressément réservé avec mon ami Jérôme, un bus avec toilettes. Elles étaient en fait fermées. Ensuite, à cause d’une inondation, nous avons eu un accident. Le bus s’est couché dans un fossé. Nous nous sommes retrouvés seuls sur le bord de la route au milieu de nulle part. Toujours avec la tourista. Mais c’est une autre histoire.
Il est également possible de descendre aux arrêts. On ne sait jamais où ils se trouvent et combien de temps ils durent. Il faut trouver les toilettes qui sont payantes dans les gares routières. Ce n’est pas cher, mais oublier son porte monnaie ou ne pas avoir d’argent représente un fâcheux contre-temps. Il est donc possible que le bus reparte seul. C’est arrivé, parait-il, à d’autres. Ça aussi, c’est une autre histoire.
Dernière solution, se soulager à l’arrière du bus et guêter le retour du chauffeur pour qu’il ne nous surprenne pas à souiller son bus d’une part et d’autre part qu’il ne reparte pas sans nous. Ce choix ne fait que rajouter à l’atmosphère glauque des arrêts nocturnes.


Aux arrêts de nuit, il faut également se méfier que les bagages sur le toit ou dans les soutes ne disparaissent pas. Il faut donc soit les garder en cabine avec soi si il ne sont pas trop gros, ceci ne contribuant pas au confort ; soit penser à les surveiller à chaque arrêt, ceci ne contribuant pas à la détente.

A vélo nous pouvons physiquement percevoir l’inclinaison des côtes.



Une côte raide est logiquement une bonne descente pour les camions et bus qui arrivent en face. Nous avions remarqué qu’à la descente, ils font fréquemment un « pchittt » très fort. Cela doit avoir un rapport avec le freinage mais nous ne nous étions pas vraiment intéressés au sujet.
De nuit, on ne voit pas le paysage, si ce n’est des phares croisés, des lumières qui changent sans cesse et brusquement d’orientation. Il y a aussi le ballottement dans le siège, le bus qui penche avec les amortisseurs qui craquent. Les feux rouges puissants mais le chauffeur qui ne se croit pas concerné. Enfin, ces « pchittt » incessants. C’est sûr, le bus roule à toute vitesse. Ce n’est pas forcément très rassurant, nous avons vu les routes de jour. Le ravin vertigineux est souvent proche, le bord est parsemé de petites croix, surtout dans les virages. La route est parfois même effondrée.

 
A l’arrivée au terminal, le jour se lève à peine. La ville n’est pas toute proche, il faut y aller en mototaxi. C’est une sorte de scooter à trois roues avec une banquette et une de cabine en toile colorée. Cet engin improbable serait amusant si nous ne roulions pas sur des pistes défoncées au milieu des camions.


Voilà, nous sommes enfin arrivés à Puerto Lopez.
L’Océan Pacifique est grand et paisible. L’eau est cristalline. Les pélicans et les frégates ne se comptent plus. Les petits désagréments sont déjà oubliés. Évidemment ça en vaut la peine !



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