jeudi 2 novembre 2017

PETITES PENSÉES EN VOYAGE

"Dis moi ce que tu manges: je te dirai ce que tu es" Jean Anthelme Brillat-Savarin

L’alimentation est un sujet majeur en voyage. Nous aborderons probablement les fiches techniques de nos réchauds, les plateaux repas des compagnies aériennes, les recettes pratiques de bivouac comme les meilleures recettes des régions traversées,… A ce stade de notre périple, voici déjà quelques réflexions.
Nous avons trouvé ici : Mac Donald, Subway, KFC, … C’est le principe de la mondialisation. Ces enseignes peuvent être des repères mais je ne sais pas si ils sont rassurants. En tout cas, nous n’y sommes pas allés.
En ville, les grands magasins vont de l’hyper à la petite épicerie. Peu de surprises de ce côté là. Ce qui est plus perturbant, mais pratique, est de pouvoir acheter, entre autre, du café en pharmacie. Les prix sont également déroutants. Les courses pour un repas de quatre personnes en supermarché coûtent au minimum 25 dollars. Alors qu’il est possible de trouver à deux pas un repas complet pour le même nombre servi pour 7 dollars.


Les marchés ne se décrivent pas, ils se vivent. C’est un déballage de couleurs, de bruits et d’odeurs. C’est une promenade. C’est un petit jeu de marchandage. C’est la découverte des produits inconnus. Toutefois, il y a une certaine prise de risques et la couleur rouge est un signal d’alerte.



La profession de marchands de rue se porte bien. Ils proposent boissons, gâteaux, glaces et autres qu’ils transportent avec des paniers, des chariots, des vélos, enfin, tout ce qui roule. Plus ou moins bien d’ailleurs. Dans les bus les vendeurs proposent leurs marchandises soit aux arrêts, soit en faisant une partie du trajet. Finalement il est inutile d’être prévoyant avec des petits en-cas.


En alternant la préparation des repas et les restaurants, que choisir ?
A Santa Cruz dans l’archipel des Galapagos, il y a une rue fermée à la circulation le soir. Les restaurants qui la bordent s’en servent de terrasse et proposent aux passants des langoustes et des poissons grillés. Ambiance tropicale festive plutôt alléchante. Le plus petit crustacé commence à 20 dollars. Ceci est loin d’être un frein pour les touristes aisés, américains pour la plupart, dont les notes finales doivent être élevées vu les banquets ingurgités sans grande distinction. C’est vrai que c’est tentant et que l’on a envie de se laisser aller. Mais notre budget est serré et nous devons faire attention à notre ligne pour le vélo. Aussi, nous nous rabattions aux même tables sur les meriendas, des repas complets pour 5 dollars. Surtout nous culpabilisions de contribuer à la surpêche locale qui devrait se faire sentir d’ici quelques années. Inversement, consommer des denrées importées est discutable : elles sont chères, leur transport est polluant et elles génèrent des déchets d’emballage. Une solution semble être l’agriculture locale dont la politique s’oriente vers le biologique. Mais comment ne pas rentrer en compétition avec ces écosystèmes fragiles et uniques ? Ici des vaches partagent avec les tortues géantes des prairies dispersées dans la nature. Une bonne nouvelle, la population semble vouloir relever les défis du développement durable.


Mais comment consommer responsable ?Avec toutes ces questions nous restions perplexes devant les cartes des restaurants. Alors en attendant de nous décider, nous buvions de la bière importée du continent, chère et peu recommandée pour les cyclistes.
Et les enfants, qu’en pensent’ils ?
La découverte des lieux les amuse. En revanche, le changement d’alimentation les surprend et ils font parfois preuve d’une certaine méfiance. Au restaurant, ils demandent presque exclusivement du « pollo con papas », du poulet frite. La découverte est limitée mais ils se régalent !
Nous avons été invités à visiter un élevage de cochons d’Inde. Nous n’avons pas osé leur dire que les petites bêtes qu’ils trouvaient adorables étaient destinées à la casserole.
La vie est parfois cruelle et ils étaient en larme au marché aux bestiaux d’Otavalo. Ils ont compris que les animaux étaient vendus pour être mangés, qu’il y a un lien direct entre l’assiette et ces animaux terrorisés qui crient.


A ce marché d’Otavalo des petites cantines servent des repas complets à partir de 1,75 dollars. Ce ne sont pas des restaurants écochics : à part les locaux, on y retrouve que quelques routards. Pourtant c’est bon, copieux , a priori sain et, surtout, très dépaysant. Nous y sommes allés pour notre budget et satisfaire notre petit côté aventuriers.


En général, une assiette suffit pour les enfants mais chacun veut la sienne. Il a fallu prévoir avec le serveur des petites portions. Petit détail, le repas commençant par une soupe, l’assiette vide nous servait ensuite à mettre nos os de poulet et autres restes. A la fin du repas, comme d’habitude, nous devions presque nous fâcher avec les enfants pour qu’ ils ne laissent pas la moitié de leur assiette. Un mendiant est venu. Péniblement, par gestes, il nous a seulement demandé de pouvoir prendre le contenu de l’assiette de soupe. Notre poubelle de table donc. Peut on accepter que quelqu’un mange ses restes ? Pris au dépourvu, nous l’avons laissé partir avec.
C’est une pédagogie concrète mais bien brutale pour les enfants.

Abordons le sanitaire. Le voyageur doit respecter les consignes habituelles en ne consommant que de l’eau en bouteille, des légumes cuits, des fruits épluchés,… C’est frustrant et après quelques entorses, pour nous, pas pour les enfants, il ne s’est rien passé. Dans les cantines de rue la cuisson est rassurante.


Ce qui l’est moins est de trouver des poissons marins sur les étals des marchés andins. Petits rappels de géographie pour mieux comprendre : les Andes sont éloignées de l’océan et le réseau routier est perfectible.
Le meilleur poisson est celui tout juste débarqué par le pêcheur. Certes. Mais aux Galapagos, les pêcheurs sont harcelés par les otaries, pélicans et autres hérons,…



Un cafard dans une épicerie : c’est inacceptable ! Mais une otarie dans une poissonnerie?


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