"Dis moi ce que tu manges: je te dirai ce que tu es" Jean Anthelme Brillat-Savarin
L’alimentation est
un sujet majeur en voyage. Nous aborderons probablement les fiches
techniques de nos réchauds, les plateaux repas des compagnies
aériennes, les recettes pratiques de bivouac comme les meilleures
recettes des régions traversées,… A ce stade de notre périple,
voici déjà quelques réflexions.
Nous avons trouvé
ici : Mac Donald, Subway, KFC, … C’est le principe de la
mondialisation. Ces enseignes peuvent être des repères mais je ne
sais pas si ils sont rassurants. En tout cas, nous n’y sommes pas
allés.
En ville, les grands
magasins vont de l’hyper à la petite épicerie. Peu de surprises
de ce côté là. Ce qui est plus perturbant, mais pratique, est de
pouvoir acheter, entre autre, du café en pharmacie. Les prix sont
également déroutants. Les courses pour un repas de quatre personnes
en supermarché coûtent au minimum 25 dollars. Alors qu’il est
possible de trouver à deux pas un repas complet pour le même nombre
servi pour 7 dollars.
Les marchés ne se
décrivent pas, ils se vivent. C’est un déballage de couleurs, de
bruits et d’odeurs. C’est une promenade. C’est un petit jeu de
marchandage. C’est la découverte des produits inconnus. Toutefois,
il y a une certaine prise de risques et la couleur rouge est un
signal d’alerte.
La profession de
marchands de rue se porte bien. Ils proposent boissons, gâteaux,
glaces et autres qu’ils transportent avec des paniers, des
chariots, des vélos, enfin, tout ce qui roule. Plus ou moins bien
d’ailleurs. Dans les bus les vendeurs proposent leurs marchandises
soit aux arrêts, soit en faisant une partie du trajet. Finalement il
est inutile d’être prévoyant avec des petits en-cas.
En alternant la
préparation des repas et les restaurants, que choisir ?
A Santa Cruz dans
l’archipel des Galapagos, il y a une rue fermée à la circulation
le soir. Les restaurants qui la bordent s’en servent de terrasse et
proposent aux passants des langoustes et des poissons grillés.
Ambiance tropicale festive plutôt alléchante. Le plus petit
crustacé commence à 20 dollars. Ceci est loin d’être un frein
pour les touristes aisés, américains pour la plupart, dont les
notes finales doivent être élevées vu les banquets ingurgités
sans grande distinction. C’est vrai que c’est tentant et que l’on
a envie de se laisser aller. Mais notre budget est serré et nous
devons faire attention à notre ligne pour le vélo. Aussi, nous nous
rabattions aux même tables sur les meriendas, des repas complets
pour 5 dollars. Surtout nous culpabilisions de contribuer à la
surpêche locale qui devrait se faire sentir d’ici quelques années.
Inversement, consommer des denrées importées est discutable :
elles sont chères, leur transport est polluant et elles génèrent
des déchets d’emballage. Une solution semble être l’agriculture
locale dont la politique s’oriente vers le biologique. Mais comment
ne pas rentrer en compétition avec ces écosystèmes fragiles et
uniques ? Ici des vaches partagent avec les tortues géantes des
prairies dispersées dans la nature. Une bonne nouvelle, la
population semble vouloir relever les défis du développement
durable.
Mais comment
consommer responsable ?Avec toutes ces questions nous restions
perplexes devant les cartes des restaurants. Alors en attendant de
nous décider, nous buvions de la bière importée du continent,
chère et peu recommandée pour les cyclistes.
Et les enfants,
qu’en pensent’ils ?
La découverte des
lieux les amuse. En revanche, le changement d’alimentation les
surprend et ils font parfois preuve d’une certaine méfiance. Au
restaurant, ils demandent presque exclusivement du « pollo con
papas », du poulet frite. La découverte est limitée mais ils
se régalent !
Nous avons été
invités à visiter un élevage de cochons d’Inde. Nous n’avons
pas osé leur dire que les petites bêtes qu’ils trouvaient
adorables étaient destinées à la casserole.
La vie est parfois
cruelle et ils étaient en larme au marché aux bestiaux d’Otavalo.
Ils ont compris que les animaux étaient vendus pour être mangés,
qu’il y a un lien direct entre l’assiette et ces animaux
terrorisés qui crient.
A ce marché
d’Otavalo des petites cantines servent des repas complets à partir
de 1,75 dollars. Ce ne sont pas des restaurants écochics : à
part les locaux, on y retrouve que quelques routards. Pourtant c’est
bon, copieux , a priori sain et, surtout, très dépaysant. Nous y
sommes allés pour notre budget et satisfaire notre petit côté
aventuriers.
En général, une
assiette suffit pour les enfants mais chacun veut la sienne. Il a
fallu prévoir avec le serveur des petites portions. Petit détail,
le repas commençant par une soupe, l’assiette vide nous servait
ensuite à mettre nos os de poulet et autres restes. A la fin du
repas, comme d’habitude, nous devions presque nous fâcher avec
les enfants pour qu’ ils ne laissent pas la moitié de leur
assiette. Un mendiant est venu. Péniblement, par gestes, il nous a
seulement demandé de pouvoir prendre le contenu de l’assiette de
soupe. Notre poubelle de table donc. Peut on accepter que quelqu’un
mange ses restes ? Pris au dépourvu, nous l’avons laissé
partir avec.
C’est une
pédagogie concrète mais bien brutale pour les enfants.
Abordons le
sanitaire. Le voyageur doit respecter les consignes habituelles en ne
consommant que de l’eau en bouteille, des légumes cuits, des
fruits épluchés,… C’est frustrant et après quelques entorses,
pour nous, pas pour les enfants, il ne s’est rien passé. Dans les
cantines de rue la cuisson est rassurante.
Ce qui l’est moins
est de trouver des poissons marins sur les étals des marchés
andins. Petits rappels de géographie pour mieux comprendre :
les Andes sont éloignées de l’océan et le réseau routier est
perfectible.
Le meilleur poisson
est celui tout juste débarqué par le pêcheur. Certes. Mais aux
Galapagos, les pêcheurs sont harcelés par les otaries, pélicans et
autres hérons,…
Un cafard dans une
épicerie : c’est inacceptable ! Mais une otarie dans une
poissonnerie?
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