Vendredi 23 février – Cusco
Déjà
!??? .... Beh oui, nous arrivons en avance sur notre planning dans la
cité inca. Après notre traversée du désert et l'arrivée à
Puquio, nous avons décidé de faire un bond de plus 300 km pour
atteindre Abancay en collectivo. Ce saut de puce nous évitera un
passage de col à 4500 m et des bivouacs en pleine pampa dans le
givre. Par contre, nous regretterons notre choix car le paysage est
fantastique et la densité de population de lamas inimaginable ! Tant
pis, nous arrivons à Abancay à la nuit après un voyage de 6 heures
qui nous aurait demandé au moins 10 jours en vélo !
|
En attendant d'embarquer dans le collectivo! |
|
1, 2, 3 et 4 vélos sur le toit !
|
Abancay :
Nous
déboulons dans un ville où le trafic est totalement anarchique et
l'activité nocturne intense. Nous trouvons difficilement un hôtel
et surtout aucun d'entre eux ne disposent d'un rez-de-chaussé. Alors
on porte nos vélos jusqu'au premier étage !
L'ambiance
turbulente de la ville nous rappelle combien notre chemin reste bien
souvent isolé. Partout du monde, des klaxons, des vendeurs de rue,
des produits de toutes sortes ! Nous décidons de rester une journée
de plus, avant de ré-attaquer l'ascension. Ça tombe bien car je passe
une nuit difficile et me réveille en pleine nuit avec un mal de
tête épouvantable. L'altitude ??? Non, nous ne sommes qu'à 2800
m... bon alors c'est la cerveza ;-) !
Sur la
place centrale, nous tombons par hasard sur la répétition d'un
spectacle de danse et chant traditionnel d'un groupe d'enfants. Ici,
les enfants sont encore en grandes vacances, ils ne reprennent que
début mars. Nous faisons un peu de tourisme pour aller découvrir un
joli pont colonial, vestige d'une époque révolue.
Dans la
série des plans foireux, nous galérons depuis un moment avec des
crevaisons à répétition pour le vélo de Greg. Nous recherchons désespérément des chambres à air compatibles avec nos jantes mais
c'est mission impossible ici. La route pour Cusco est encore longue
et mon pneu arrière montre lui aussi des signes de faiblesse.
Gloups... Tant pis on part sans filet de secours.
La
première journée de reprise s'avère la plus hard : 25 km (ok c'est
rien) 1600 m de dénivelé (OK c'est dingue !). Charles et Zoé
partent devant nous, on peut aussi dire qu'ils nous laissent sur place
! On pourrait nous comparer à un gros cargo de marchandises qui se
ferait distancer par un hors-bord ! Nous nous rejoindrons pour
déjeuner puis dormir au prochain village !
Heureusement,
les rencontres inopinées nous font oublier la difficulté de
l'effort physique comme cette patronne de restaurant qui, à
l'occasion d'une de nos innombrables pauses, nous offre une boisson
alcoolisée dont le contenant laisse présager des vertus
intéressantes ! Très peu pour moi, j'ai déjà les jambes coupées
par la montée.
|
Pause réparation (encore !)
|
Notre
première étape nous amène dans un tout petit hameau de quelques
maisons ET une tienda ! Les cochons et les vaches sont en liberté et
gambadent entre les maisons de terre et de paille et les cochons
d'inde (cuy en espagnol) gambadent dans la cuisine du magasin en
attendant de passer à la casserole !
Comme
bien souvent durant notre périple, les habitants du village nous
trouveront une solution à l'abri pour nous loger. Cette fois encore,
ils nous indiquent une maison non habitée qui pourra accueillir nos
deux tentes. Le sol est en terre battue et les murs sont noircis par
l'âtre qui a du servir à cuisiner lorsque la maison était habitée.
Nous prenons toute la dimension de notre confort européen lorsque
nous touchons pour quelques nuits seulement le mode de vie
rudimentaire de ces habitants andins. Cet abri s'avère plus que
bienvenu car la tempête gronde dehors et c'est bientôt le déluge
dehors.
La nuit a
été mouvementée, pas seulement à cause de la tempête. Lylwenn
vient de connaître sa première grosse tourista avec tous les
désagréments qui l'accompagnent. Je vous laisse imaginer
l'apocalypse dans la tente lorsque le papier toilette et l'eau
viennent à manquer ! Ah les joies du voyage ! Mais déjà le jour se
lève et nous nous préparons tous vaillamment pour poursuivre notre
route jusqu'au prochain village où l'on devrait trouver un hôtel.
Courage, on va y arriver. Lylwenn se sent mieux, nous partons donc
pour nos 20 kilomètres de montée quotidienne pour 8 heures de
pédalage. Au col, nous rejoindrons Charles et Zoé, arrivés bien
avant nous, avant de nous faire arroser copieusement par une averse
torrentielle.
La cerise
sur le gâteau c'est que nous allons ensuite dégringoler vers le
village durant 20 km. Mais c'est sans compter sur le pneu de Greg qui
continue à nous jouer des tours, après le repas au soleil en
surplomb de la vallée, il faut de nouveau réparer. Grrrrrr
Wahou,
quel pied fantastique et surtout quelle satisfaction d'avoir grimpé
tout cela seulement à la force de nos "petites jambes".
Nous sommes fiers de nous ! Curahuasi est une petite ville avec plein
de restaurants et même une jolie boulangerie ! Nous nous effondrons
épuisés dans un bon lit à l'hôtel !
Aujourd'hui,
nous visons la ville de Limatambo. Nous devons redescendre encore 20
km pour ensuite remonter durant 15 km. Le paysage change et nous
rejoignons le rio Apurimac avec une végétation qui oscille entre
les cactus et les palmiers. Et bien sûr, qui dit chaleur et
humidité, dit mouches qui piquent ! Arghhh, on se fait dévorer. Du
coup, nous abrégeons les pauses pour éviter les piqûres et les
démangeaisons. Le soleil est implacable et nous perdons des litres
d'eau dans la remontée vers le village.
|
De la papaye !
|
Limatambo
est une charmante ville avec une place centrale magnifique avec sa
fontaine et ses grands palmiers. Nous sirotons une bière (bien
méritée) pendant que les enfants jouent avec ceux du village
qui nous posent plein de questions. Ils sont sidérés que nous voyagions en vélo comme la plupart des péruviens que nous
rencontrons. Pour eux, difficile d'imaginer de pouvoir partir un an
sans travailler... D'ailleurs, pour beaucoup d'entre eux, le mot
"vacance" ne représente rien du tout. Les enfants, qui
n'ont pas école en ce moment, participent aux travaux des champs
quant ils ne remplacent par carrément leurs parents dans leurs
activités. Bien souvent, dans les petites tiendas, ce sont les
enfants qui s'occupent de nous vendre les produits. Plus dramatique
et bouleversant, nous rencontrons souvent des enfants qui vendent
des petites babioles ou confiseries assis dans la rue ou déambulant
dans les restaurants. Dans ces moments là, j'ai la gorge serrée...
Encore
une bonne journée et une nuit en bivouac avant d'atteindre Cusco.
Mais ça c'est sans compter la pluie, bon ça on commence à être
habitués mais surtout mon pneu arrière qui éclate dans la montée
! J'ai eu une peur bleue. On aurait dit un coup de feu. Et c'est
reparti pour une énième réparation. Pendant que Greg répare, nous
sommes abordés par une petite mamie toute rigolote avec son habit
traditionnel et son joli chapeau qui nous propose des fèves et du maïs à grignoter ! Nous repartons (avec un pneu de rechange un peu
trop large qui frotte sur le garde-boue; c'était déjà difficile
dans la montée mais alors là c'est le pompon).
|
Les enfants s'amusent comme ils peuvent pendant la pause réparation
|
Aujourd'hui,
il faut se rendre à l'évidence, nous n'atteindrons pas notre
destination envisagée. Tant pis, nous traversons un petit village
mais chou-blanc, impossible de trouver un abri pour poser la tente.
Nous sortons du village et cherchons un spot de bivouac en retrait de
la route. Bingo, une vieille carrière en surplomb de la route fera
parfaitement l'affaire. Nous poussons nos vélos et nous dépêchons
d'installer le campement avant l'arrivée d'un orage menaçant. Le
repas est vite préparé à l'extérieur et nous nous ruons tous les
6 dans le auvent de notre tente au moment où des trombes d'eau
commencent à se déverser. Trop rigolo de se retrouver entassés
dans ce petit habitacle ! Les enfants sont ravis d'inviter nos
copains à manger à la "maison" !
Par
contre dehors, c'est le déluge. Zoé et Charles devront même
déplacer leur tente en pleine nuit car cette dernière est installée
sur une cuvette qui se remplit rapidement. A moins de vouloir passer
la nuit sur un lit d'eau, ils n'ont d'autres choix que de déplacer leur abri de
quelques mètres. De notre côté, la tente D4 fait bien son boulot,
rien à redire, elle tient le coup ! Ouf, il ne manquerait plus que
ça !
Notre
bivouac en altitude (3500 m) nous réserve une merveilleuse surprise
ce matin au réveil. Nous découvrons que la neige est tombée sur
les hauteurs et a recouvert les nombreux sommets qui nous entourent
! Le spectacle est fabuleux, accentué par les rayons du soleil
matinal ! Wahou, que c'est beau !
|
Les loulous jardinent !
|
C'est
aujourd'hui que nous rejoignons Cusco, nous sommes tous impatients.
Nous y séjournerons 6 jours dans un logement que nous avons loué
avec 4 chambres. Fanch et Lylwenn sont trop contents d'avoir leur
propre chambre !
Nous
traversons une plaine riche, composée de prairies herbeuses et de vaches et donc de
magasin de fromages, et la route est jalonnée de nombreux villages. La
circulation s'intensifie aussi à mesure que l'on se rapproche de
Cusco. Nous restons sur nos gardes car les véhicules roulent tous à
vive allure, certains ne prenant même pas la peine de s'écarter en
nous doublant. Pourtant nous savourons notre traversée dans cette
plaine avec ces odeurs de campagne qui nous rappellent notre chez-nous
bien aimé !
|
Le train ! On en avait pas encore vu au Pérou !
|
Cusco est
une grande ville, nous arrivons dans sa banlieue sous un orage de
grêle et de pluie qui nous trempe de la tête au pied. C'est avec un
immense soulagement que nous arrivons dans notre logement avec eau
chaude, four, micro-onde ET machine à laver ! Un confort que nous
avions presque oublié ;-) !
Voici les premières photos de nos balades dans le centre historique et première dégustation de viennoiserie depuis bien (trop ?) longtemps !!!
La ville est vraiment magnifique avec ses rues pavées, ses magnifiques places et ruelles ornées d'immenses blocs de pierre :
|
Le marché San Pedro :
|
Merci
pour vos messages et vos encouragements, nous pensons fort à vous
chers amis qui nous manquez beaucoup mais qui nous accompagnent à
chaque coup de pédale ! Gros bisous !