dimanche 25 février 2018

PETITES PENSÉES EN VOYAGE

Salut mon pote

Les rencontres, bien qu’un des objectifs du voyage, sont toujours inattendues. C’est le hasard qui place sur notre route un autre cycliste avec son vélo chargé de sacoches. Cette similitude évidente force l’arrêt et la conversation s’engage immédiatement.
Les projets sont différents mais reposent tous sur la même étrange idée de parcourir un bout du monde avec la petite reine. C’est parfois un des seuls points communs. Nous n’avons pas forcément la même nationalité, le même âge, la même profession,…



Qu’importe ! Nous décidons de faire un bout de route ensemble. Parce que tout simplement nous devions prendre la même. Mais surtout pour se motiver, se rassurer, s’aider, se tenir compagnie,… et parce que les premiers contacts ont été bons.




Nous partageons ensemble des moments très forts. Ce sont les découvertes, les rencontres, l’aventure. Ce sont aussi les épreuves. Aussi, les sentiments sont également très forts. Il n’y a pas de place pour la comédie ou les faux-semblants. Ce n’est pas une relation virtuelle. L’extase se lit dans le regard de l’autre. La béatitude se voit sur son sourire. Inversement, celui qui est épuisé, qui a mal ou qui est inquiet ne pourra pas le cacher bien longtemps.



Les masques sont donc tombés. Et sur la route et au bivouac on a le temps de parler. Avec la confiance installée, on apprend mieux à se connaître. L’autre est devenu un ami. A vélo, la route est un réseau social. Avec tout mon respect M. Zuckerberg, mes amis de voyage sont bien réels, nous ne sommes pas sur Facebook.




Les grands voyageurs sont souvent considérés comme des électrons libres. Alors, les lois de la physique quantique s’appliquent peut-être aussi aux relations humaines. Selon le principe d’exclusion de Pauli (1925), le nombre d’électrons par couche atomique est limité. Et les grands voyageurs ne peuvent pas rester indéfiniment ensemble.

Entendons nous, il n’y a ni mésentente, ni ressenti. Les projets étaient différents ou le deviennent. Les routes se séparent. Notre ami colombien William est parti en disant avec son accent qui faisait tellement rire les enfants : « Salut mon pote ».


Bien sûr, nous restons en contact. Bien sûr, on se recroisera peut être. Bien sûr, l’autre est invité à la maison après le voyage. Il est vrai que nous restons en contact, ne serait-ce que pour se donner des informations. Nous avons aussi recroisé un cyclo. Pour ce qui est de se revoir après, nous ne sommes pas encore rentrés de notre voyage.
Mais nous savons au fond de nous-mêmes que cette petite histoire de la vie est probablement finie. Nous gardons les beaux souvenirs de la rencontre.

Les enfants nous questionnent: « Où est passé notre nouvel ami ? », « Quand allons nous le revoir ? ». Et si ils commencent à comprendre : « Pourquoi n’allons nous pas le revoir ? » Après des réponses évasives prétextant les complexité du voyage, nous sommes obligés de leur avouer que nous ne le reverrons pas. A chaque réponse, les enfants demandent à nouveau pourquoi, cherchant à comprendre le fond des choses. Nous sommes bien obligés de leur répondre « C’est comme ça ! » ou « C’est la vie ! ».
Après ces réponses, les enfants n’insistent pas. Je ne pense pas qu’elles les satisfassent mais plutôt qu’ils ne les comprennent pas. Rien d’étonnant à cela, tant elles sont vides de sens. Moi non plus, dans ma tête d’enfant qui réalise son rêve de voyage à vélo, je ne les comprends pas.

Comme dans la chanson de Bénabar Qu’est-ce que tu voulais que je lui dise ? (album Reprise des négociations, 2005) devaient-ils savoir « Toute la vérité, rien que la vérité ? ». La tristesse de la séparation est à la hauteur de l’intensité de la relation. Et ils en connaîtront d’autres.

Mes amis, merci pour ces moments partagés. J’ai un pincement au cœur de vous voir partir, mais je vous souhaite une bonne route.



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