jeudi 16 novembre 2017

PETITES PENSÉES EN VOYAGE

Retour de pêche

Puerto Lopez. Le rendez-vous est donné par la marée haute. Sur le haut de la plage, on prépare les étales et les cuisines, les marchands ambulants s’installent. Toutes sortes de véhicules, du camion au tricycle, s’approchent de l’eau. Ils attendent.


En face, on distingue d’abord les pélicans et les frégates. Ils accompagnent les bateaux qui reviennent de la pêche. Des coques de bois à peine plus grosses qu’une barque pour les plus petits et d’une dizaine de mètres pour les plus gros. Ils s’échouent, l’étrave face à la vague.




Les pêcheurs débarquent leurs prises, l’activité commence.
Certains poissons sont immédiatement exposés sur les étales. C’est l’occasion de découvrir les superbes habitants de cette côte : dorades coryphènes, pagres, rascasses,… Ceux-ci sont destinés au marché local.


Les marchands ambulants proposent boisson et nourriture à tous ces travailleurs. Mais, plus haut, on commence déjà à préparer le poisson frais pour les cantines.


Des caisses de poissons, de calmars et des grosses prises passent d’une main à l’autre. Les dollars suivent le chemin inverse. Ces ventes se font partout, de la poupe des bateaux aux étales et aux portes des camions. Ces camions vont beaucoup plus loin. On me parle de Guayaquil. Alors les ventes se font aussi par téléphone.
Se concentrent ici frénétiquement un port de pêche, une criée, des poissonneries et des restaurants.





Les grosses prises sont alignées sur le sable : espadons et marlins. Puissants, une ligne parfaite. Certains de ces superbes animaux mesurent trois mètres. On ne peut s’empêcher de penser au « Vieil homme et la mer » d’Hemingway. D’ailleurs la première traduction française parlait d’espadon, alors qu’il s’agissait d’un marlin. Cette confusion laisse planer un doute sur les bêtes que l’on regarde. Il faut bien observer rostre et nageoires.



Un homme me sort des mes considérations littéraires et zoologiques. Avec son insigne du port sur le polo, je comprends qu’il est responsable de la préparation. Il coupe d’un geste méthodique et précis tout ce qui dépasse du poisson. Rostre et nageoires que j’observais attentivement jusqu’alors. Puis il le vide.


Tout ce qui n’est pas consommable sera transformé en farine pour l’alimentation animale.
D’autres restes sont consommés directement par d’autres animaux.



Dans les livres et dans la réalité, il semble que le poisson ne gagne pas. Il ne reste rien du superbe animal, seul son sang retourne à la mer.


Pour différentes raisons on peut, comme moi, ne pas manger de viande et préférer du poisson. Après cette scène, le doute s’installe.

Le système de pesée est fixé. Les hommes se pressent. On emmène le corps du poisson. Un des pêcheurs me dit qu’il estime le poids à 240 livres et qu’il en espère 600 dollars. Soit 109 kilos et 510 euros. 4,70 euros du kilo, ce n’est pas cher.


Puisque nous sommes dans les chiffres, voici ceux de 2016 en Equateur  : le salaire mensuel minimum brut était de 366 dollars, soit 371 euros, le deuxième plus élevé en Amérique du Sud. Le salaire mensuel moyen brut était de 433 dollars, soit 371 euros.
Ce pêcheur espère 600 dollars de son poisson.

Même s’il y a d’autres prises, il n’est pas tout seul à l’avoir pêché. Ils sont plusieurs à bord. Un bateau coûte cher. Les pêcheurs peuvent partir plusieurs jours en mer et passent des nuits au large dans leurs petites embarcations. Nous l’avons vu en navigant vers Isla de la Plata, l’Océan Pacifique peut être très agité, c’est très dangereux.
On peut comprendre que notre pêcheur soit content de sa prise.

Selon l’UICN, le statut de l’espadon en « préoccupation mineure », n’est pas trop alarmant. Alors, nous pouvons également être contents pour le pêcheur.
Mais en discutant à Puerto Lopez, on me dit que le métier de pêcheur est difficile, qu’ils ne gagnent pas tant d’argent et qu’il y a de moins en moins de poissons. Il est vrai que sur le trajet de Isla de la Plata nous avons vu au large des bateaux usines...
Nous apprendrons qu’un bateau de pêche illégal a été pris aux Galapagos récemment.
Enfin, Il semble que c’est la pêche sportive qui aurait le plus d’impact sur les stocks. Des touristes aisés payent pour cette activité et les recettes ne sont probablement pas réparties équitablement. Il faut de l’argent pour investir dans une agence, un bateau, le salaire du pilote et de l’accompagnateur.
Les problèmes semblent être les mêmes dans toutes les mers du monde...

En pratiquant la plongée et l’ornithologie à Isla de a Plata, activités que je me permettrais de juger a priori moins invasives, l’espoir revient.
Nous pouvons observer de nombreuses tortues. Le danger qui les menace vient plutôt des sacs en plastique, nous y reviendrons dans une autre note. Un point discutable : les guides les attirent avec de la nourriture pour satisfaire les touristes. Alors qu’il suffit de palmer un peu pour les trouver.


Les fous à pieds bleus, situés en haut de la chaîne alimentaire, sont de bons indicateurs biologiques. Il faut éviter de les déranger pendant la reproduction. Mais ils sont tellement nombreux qu’ils nichent jusque sur les chemins. Vu le nombre d’œufs et la croissance des poussins, on comprend que pour eux la pêche est bonne !





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