Chimbote 25/01/18
J'ai
l'impression que cela fait des siècles que je n'ai pas écrit sur le
blog ! Et pour cause, nous avons été pris dans une avalanche de
pentes, de pluie, de boue, de soleil, de sourires et de kilomètres
arrachés à la route !!!
Quelques vues de Cajamarca :
Chaque arrivée dans une grande ville est accompagnée par un repas gourmand qui nous change de notre traditionnel "pollo con arroz ".
Hé, une manif version péruvienne, Gregory, ramène ta poire ici, y'a de la place pour la CGT !
Le couvre-chef local, impressionnant !
Depuis
Cajamarca, nous réfléchissons à notre itinéraire. Plusieurs
options s'offrent à nous pour rejoindre Huaraz, haut-lieu de
l'alpinisme andin. Soit nous passons par les routes secondaires et
traversons la sierra, soit nous rejoignons la côte et la
panaméricaine. Bon, le choix est cornélien puisque soit c'est un
saut dans l'inconnu avec très certainement des dénivelés à faire pâlir le meilleur grimpeur du tour de France (ok, j'exagère mais vu
les regards ahuris des gens à qui nous indiquons notre itinéraire, ça cache quand même quelque chose de louche), soit
c'est le passage par Trujillo, grosse ville péruvienne sur la côte,
que l'on nous conseille d'éviter surtout la nuit car plusieurs
cyclistes ont été pillés à l'entrée de la ville (Y prendrait
aussi les gosses ?!!!). Comme nous sommes des parents responsables et
que nous avions plutôt envisagé de passer par la Sierra (on aime
relever les défis !), on opte pour la "ruta segundaria !"
Bon ben
dans le jeu des 7 familles, on dirait "mauvaise pioche" !
Enfin, pas vraiment (le spectacle est plus que fabuleux !) mais quand
même (on a jamais autant poussé que sur ces kilomètres).
Avant
notre départ de Cajamarca, nous profitons des préparatifs du
carnaval nocturne avec défilé au son des fanfares, costumes
emplumés et "Reinas" (= "miss") des différents
quartiers ou villages alentours qui saluent le public depuis
l'arrière du pick-up !
Notre
prochaine destination : "Huamachuco", la ville des mines
d'or ! Il faudra d'abord avaler les dénivelés et partir plus tôt
le matin car les pluies torrentielles nous rattrapent dès le début
d'après-midi. Nous rentabilisons à mort nos investissements
"vestimentaires" pour les enfants !
La sierra
nous offre le meilleur et le pire dans une même journée. Nous
atteignons les limites de nos capacités physiques alors en
contrepartie les paysages sont tout simplement somptueux et l'accueil
jamais aussi sympathique. Les enfants font fureur ici, tous veulent
les toucher ou se faire prendre en photos avec eux. Bon, va falloir
retravailler l'humilité en rentrant surtout pour la princesse !
Après
Cajabamba, nous nous enfonçons toujours plus loin dans la cordillère et
nous traversons des villages andins au charme fou. Ici, le costume
traditionnel est de mise, le tout surmonté d'un immense chapeau aux
larges bords. Depuis que nous subissons les assauts de la saison
pluvieuse, nous comprenons encore mieux son utilité.
Un échantillon des maisons utilisées comme affiche de la dernière campagne présidentielle. Imaginez ce que ça donnerait en France (remarque on saurait pour qui votent nos voisins !)
Quelques passages délicats, la terre tremble souvent par ici !
Heureusement,
la nature est bien faite ! Elle nous offre un moment de détente
inespéré au moment le plus inattendu. Des sources d'eaux chaudes.
Un premier bain en mode jacuzzi puis plongeon dans la piscine pour un
bouillon de quelques heures ! J'en soupire encore de bonheur !
Cuisine maison, direct dans la chambre :
Une spéciale dédicace pour notre grand loulou !
Notre futur véhicule :
Et un pneu crevé !
On aime !
Enfin, à
l'arraché, nous atteignons Huamachuco. A l'entrée de la ville, nous
sommes stoppés par la police qui veut absolument nous prendre en
photo. Au risque de paraître très prétentieuse (vous pouvez pas me
chambrer, j'suis au Pérou !), je ne compte plus les photos qui sont
prises de nous : depuis une voiture, une moto ou un bus; du balcon ou
de l'entrée; volées ou gentiment demandées... peu importe ! Et
toujours une interpellation "Hola gringos, de donde vienen ?
..."
Nous
discutons un moment avec la maréchaussée lorsque nous voyons
débouler un autre cyclo, français, c'est Baptiste ! Des gens qu'il
a croisé lui ont parlé d'une famille de gringos ... c'est nous !
Puis s'arrête une moto, à son bord deux hommes qui se présentent et
travaillent pour l'office de tourisme de Huamachuco. C'est tout
simplement que Mako nous invite à dormir chez lui et à y rester le
temps que l'on souhaite. Il nous dit qu'il accueille de nombreux
voyageurs mais une famille, c'est une première ! Il nous mettra une
chambre à disposition et nous laissera la clé. Encore, une belle
rencontre "pépite", dans la sierra de l'or, c'était une
évidence ! Une nouvelle fois, nous sommes les heureux bénéficiaires
d'une hospitalité et d'une générosité qui nous remue de
l'intérieur. Nous sommes invités à venir partager un goûter avec
toute sa famille autour d'une table garnie de nourritures et
d'infusions. Merci à toi, Mako et à toute ta famille.
Baptiste
nous accompagne durant ces quelques moments de repos. Il voyage
depuis maintenant deux ans et demi et repart en Vendée (on lui a
raconté la blague du zoo !!!) depuis Buenos Aires dans trois mois.
Nous reprenons la route avec lui pour s'attaquer à la partie la plus
difficile depuis le début de notre voyage. Il s'agira de relier
Huaraz en empruntant les routes secondaires qui traversent la
cordillère blanche. On n'est pas rendu !
Nous
avons le sentiment d'être vraiment au bout du monde. Les quelques
hameaux traversés nous laissent le sentiment d'une vie rude,
attachée à cultiver quelques lambeaux de terre, à coup de charrue
tirée par des taureaux (pas des bœufs !). La vie est rude mais le
sourire toujours chaleureux. Nous profitons d'une étable isolée et
abandonnée pour y passer la nuit. Les quelques véhicules que nous croisons, s'arrêtent intrigués pour savoir si nous avons besoin de
quelques choses. En bon français, nous pensions que nous allions
nous faire virer. Encore une leçon d'humanité.
Baptise
part devant, il roule tellement plus vite que nous. Les choses se
corsent, la route devient piste, les dénivelés insurmontables. Nous
n'aurons jamais autant poussé nos vélos. Et toujours cette pluie
diluvienne qui s'abat sur nous à partir de 14 heures. Après
plusieurs journées à suer sang et eau, nous sommes arrêtés dans
notre course par des travaux. La route s'est effondrée avec les
pluies. Il faut patienter. Nous mettons à profit cet intermède pour
évoquer notre recherche de transport pour avancer jusqu'à la
prochaine ville "Pallasca", celle que l'on aperçoit sur
l'autre versant de la montagne, loin, très loin après une montée
infernale. Alors le chauffeur du poids lourd, arrêté à côté de nous, nous propose de nous
embarquer, il va jusque là-bas. Trop contents d'avoir trouvé une
solution nous épargnant plus de deux jours de pédalage éprouvant,
ce n'est qu'après que nous prenons conscience de la dangerosité du
dit-transport. Il faut toute l'attention et l'expérience du
chauffeur pour aborder cette route en lacets très étroits sur
lesquels il faut s'y reprendre à deux fois pour faire passer camion
et remorque en entier. Nous n'aurons jamais autant travaillé nos
muscles fessiers que durant cet épisode. Greg arrachera même la poignée de la portière tellement il tirait dessus ! C'est vraiment soulagé que
nous arrivons à Pallasca. Notre porte-monnaie crie famine et on
nous a informé de l'existence d'un distributeur ici. Eh ben non !
Raté, distributeur inexistant ! Le prochain se trouve soit à
Huaraz, notre hypothétique destination qui doit bien se trouver au
moins à 7 jours de vélo en mode Amerikuntz, soit à Chimbote qui
se trouve sur la côte à environs 5 jours de vélo. En plus, il pleut
grrrr !
Nous
tournons notre dilemme dans tous les sens pour arriver à la
conclusion que, sans argent et déjà assez éprouvés, seule la
solution d'un retour en combi vers Chimbote apparaît raisonnable. Et
c'est reparti pour un tour infernal dans la sierra pour rejoindre
l'océan pacifique. Et re-serrage de fesse ! La descente est toujours
aussi vertigineuse mais le paysage change. Nous passons d'une
montagne verte et fleurie à un environnement abrupte, minéral et aride. Aucune végétation, des enchevêtrements de roches qui
s'amoncelle ici et là avant de venir s'entasser dans le rio un peu
plus bas. Spectacle grandiose et hostile.
Enfin,
nous rejoignons une route plus hospitalière (pour tout vous avouer,
il semblerait que les locaux andins supportent assez difficilement
les transports en lacets ! Nous étions cernés par des personnes en
proie au mal des transport, le bonheur quoi !). Nous sommes soulagés
d'arriver enfin à Chimbote ! Tiens, ça sent le poisson ! Vite un
hôtel et zou, sous la couette ! Demain est un autre jour !
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