PETITES PENSÉES
EN VOYAGE
Une vie de chien
La période et
l’origine de la domestication des chiens est un vieux débat pour
les généticiens et plus encore pour les archéologues. Les
dernières études génétiques datent l’apparition du chien de 9
000 à 34 000 ans et sa localisation très probablement dans l’Est
de l’Asie (How much is that in dog years ? The advent of
canine population genomics. Larson & Bradley, 2014).
La suite de
l’histoire de cet animal est intimement liée à celle de l’homme.
La diversité des cultures humaines, des fonctions que l’on attend
du chien et les efforts de sélection expliquent la multiplicité des
races.
En Amérique du Sud,
l’introduction du chien est plus tardive et ses conditions de vie y
sont très variables.
Les cyclotouristes
croisent sur ce continent de très nombreux chiens. Dans les
campagnes, certains semblent être rattachés à une personne, une
maison ou une ferme. En ville, nous apprendrons qu’une pratique
courante est de mettre son chien dans la rue le matin et de, peut
être, le récupérer le soir. Mais dans les faits et vu d’un
vélo, ils semblent tous être errants.
Ces vagabonds se
regroupent parfois en petite meute. Ils sont nombreux sur les
décharges, à éventrer les poubelles, à se nourrir comme ils
peuvent. Bien sûr, la reproduction n’est absolument pas contrôlée.
Ils sont parfois blessés, malades, souvent maigres. On ne peut pas
parler de maltraitance mais ces animaux sont livrés à eux mêmes,
quelque part entre l’animal sauvage et la bête sommairement
domestiquée.
Des efforts de
contrôle sont réalisés comme des campagnes de vaccination ou de
stérilisation avec des camions équipés pour des soins vétérinaires
basiques. Des programmes de sensibilisation sont menés pour un peu
plus de civisme. Mais nous sommes encore loin du cadre sanitaire et
réglementaire de l’Europe.
Inversement, le
chien peut avoir le statut de mascota. Plus qu’un animal de
compagnie, cette « mascotte » a des conditions de vie
bien différentes. C’est souvent un chien de race petite ou naine
acheté en magasin. Il est peigné, habillé, porté, chouchouté,…
Parfois de l’anthropomorphisme à outrance. Parfois un objet de
consommation, un must have pour les jeunes tendances.
Certes bien suivis,
le débat sur l’acharnement thérapeutique pourrait toutefois
prendre sa place.
Dans ces deux
extrêmes, ils font peine à voir. Certaines situations nous font
croire qu’ils ont peut être conscience de leur condition et qu’ils
essayent de l’oublier dans des paradis artificiels.
Entre les deux, il y
a des chiens qui mènent une vie plus adaptée. Celle d’un chien
avec ses caractères et ses besoins. Dans la rue, les gens sont
plutôt bienveillants et les animaux facilement décomplexés.
Parfois nous
traversons à vélo des villages dans l’indifférence canine la
plus totale. Si le chien est le
meilleur ami de l’homme, il
peut souvent devenir l’ennemi
juré du cyclovoyageur. A
l’arrivée d’un vélo, si un premier chien décide
d’aboyer, l’information est transmise et amplifiée. Une petite
meute peut se former et partir à nos trousses. Nous pouvons les
distancer dans les descentes, mais ils ont bien sûr l’avantage
dans les côtes. Certains peuvent mordre ou même percuter les vélos.
Nous redoutons ces
embuscades, d’autant plus que la rage est présente au Pérou et en
Bolivie. Le virus peut être transmis par la morsure d’un chien
porteur. Après la déclaration des premiers symptômes, il n’existe
aucun traitement efficace. Et les malades condamnés meurent dans de
grandes souffrances.
Il existe un courant
de pensée contre la vaccination basé sur des informations erronées
(Antivaccins : des mensonges dans un débat légitime.
Adrien Sénécat. Le Monde, 24/07/2017). Dans nos pays occidentaux
certains n’ont pas conscience des risques : la gestion
sanitaire, médicale et vétérinaire, a permis d’éradiquer, ou de
gérer, les grandes maladies infectieuses.
Dans le cas de la
rage, le seul moyen de prévention, et dans certains cas de
traitement d’urgence, est la vaccination. A pied cette fois, ma
femme et notre fille ont été mordues au Pérou. Mais nous avions
été vaccinés avant le départ. Les chiens du village, dont le
chien mordeur, avait été vaccinés au cours d’une campagne
obligatoire. Pour nous, cette vaccination avait certes un coût mais
aucun effet secondaire. Malgré l’inquiétude, aujourd’hui tout
le monde va bien.
Selon l’Organisation
Mondiale de la Santé, la rage fait plus de 59 000 morts par an à
travers le monde. Dans les zones d’endémie, tous n’ont pas accès
à la vaccination. L’invention de Louis Pasteur (1885) semble donc
salutaire. Pourtant les conditions de celle-ci paraitraient
inacceptables pour nos comités d’éthiques actuels (Inner
Workings : 1885, the first rabies vaccinations in humans.
Rappuoli, 2014).
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