lundi 9 juillet 2018

PETITES PENSÉES EN VOYAGE

Une vie de chien

La période et l’origine de la domestication des chiens est un vieux débat pour les généticiens et plus encore pour les archéologues. Les dernières études génétiques datent l’apparition du chien de 9 000 à 34 000 ans et sa localisation très probablement dans l’Est de l’Asie (How much is that in dog years ? The advent of canine population genomics. Larson & Bradley, 2014).
La suite de l’histoire de cet animal est intimement liée à celle de l’homme. La diversité des cultures humaines, des fonctions que l’on attend du chien et les efforts de sélection expliquent la multiplicité des races.
En Amérique du Sud, l’introduction du chien est plus tardive et ses conditions de vie y sont très variables.
Les cyclotouristes croisent sur ce continent de très nombreux chiens. Dans les campagnes, certains semblent être rattachés à une personne, une maison ou une ferme. En ville, nous apprendrons qu’une pratique courante est de mettre son chien dans la rue le matin et de, peut être, le récupérer le soir. Mais dans les faits et vu d’un vélo, ils semblent tous être errants.
Ces vagabonds se regroupent parfois en petite meute. Ils sont nombreux sur les décharges, à éventrer les poubelles, à se nourrir comme ils peuvent. Bien sûr, la reproduction n’est absolument pas contrôlée. Ils sont parfois blessés, malades, souvent maigres. On ne peut pas parler de maltraitance mais ces animaux sont livrés à eux mêmes, quelque part entre l’animal sauvage et la bête sommairement domestiquée.




Des efforts de contrôle sont réalisés comme des campagnes de vaccination ou de stérilisation avec des camions équipés pour des soins vétérinaires basiques. Des programmes de sensibilisation sont menés pour un peu plus de civisme. Mais nous sommes encore loin du cadre sanitaire et réglementaire de l’Europe.



Inversement, le chien peut avoir le statut de mascota. Plus qu’un animal de compagnie, cette « mascotte » a des conditions de vie bien différentes. C’est souvent un chien de race petite ou naine acheté en magasin. Il est peigné, habillé, porté, chouchouté,… Parfois de l’anthropomorphisme à outrance. Parfois un objet de consommation, un must have pour les jeunes tendances.





Certes bien suivis, le débat sur l’acharnement thérapeutique pourrait toutefois prendre sa place.

 
Dans ces deux extrêmes, ils font peine à voir. Certaines situations nous font croire qu’ils ont peut être conscience de leur condition et qu’ils essayent de l’oublier dans des paradis artificiels.



Entre les deux, il y a des chiens qui mènent une vie plus adaptée. Celle d’un chien avec ses caractères et ses besoins. Dans la rue, les gens sont plutôt bienveillants et les animaux facilement décomplexés.



Parfois nous traversons à vélo des villages dans l’indifférence canine la plus totale. Si le chien est le meilleur ami de l’homme, il peut souvent devenir l’ennemi juré du cyclovoyageur. A l’arrivée d’un vélo, si un premier chien décide d’aboyer, l’information est transmise et amplifiée. Une petite meute peut se former et partir à nos trousses. Nous pouvons les distancer dans les descentes, mais ils ont bien sûr l’avantage dans les côtes. Certains peuvent mordre ou même percuter les vélos.


Nous redoutons ces embuscades, d’autant plus que la rage est présente au Pérou et en Bolivie. Le virus peut être transmis par la morsure d’un chien porteur. Après la déclaration des premiers symptômes, il n’existe aucun traitement efficace. Et les malades condamnés meurent dans de grandes souffrances.
Il existe un courant de pensée contre la vaccination basé sur des informations erronées (Antivaccins : des mensonges dans un débat légitime. Adrien Sénécat. Le Monde, 24/07/2017). Dans nos pays occidentaux certains n’ont pas conscience des risques : la gestion sanitaire, médicale et vétérinaire, a permis d’éradiquer, ou de gérer, les grandes maladies infectieuses.
Dans le cas de la rage, le seul moyen de prévention, et dans certains cas de traitement d’urgence, est la vaccination. A pied cette fois, ma femme et notre fille ont été mordues au Pérou. Mais nous avions été vaccinés avant le départ. Les chiens du village, dont le chien mordeur, avait été vaccinés au cours d’une campagne obligatoire. Pour nous, cette vaccination avait certes un coût mais aucun effet secondaire. Malgré l’inquiétude, aujourd’hui tout le monde va bien.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la rage fait plus de 59 000 morts par an à travers le monde. Dans les zones d’endémie, tous n’ont pas accès à la vaccination. L’invention de Louis Pasteur (1885) semble donc salutaire. Pourtant les conditions de celle-ci paraitraient inacceptables pour nos comités d’éthiques actuels (Inner Workings : 1885, the first rabies vaccinations in humans. Rappuoli, 2014).









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